En raison des réformes en suspens dans l’attente d’un nouveau gouvernement, l’incertitude règne en cette rentrée 2024 concernant le brevet des collèges, dont la transformation avait été annoncée par Gabriel Attal, risquant de contraindre une fois de plus les enseignants à s’adapter en cours d’année.
« La nouvelle forme du brevet se profile », a confirmé cette semaine la ministre de l’Éducation démissionnaire Nicole Belloubet. Elle fait référence aux annonces faites en décembre par Gabriel Attal, alors ministre de l’Éducation, pour renforcer l’ »exigence » du brevet, dans le cadre de son « choc des savoirs ».
Comment la réforme devait-elle prendre forme ?
Son objectif : augmenter l’importance des épreuves finales dans la note finale et surtout conditionner « l’entrée directe au lycée » à l’obtention du brevet à partir de 2025. Les élèves qui échouent devraient passer par une classe « prépa-seconde ».
Cette classe de prépa-seconde sera testée cette rentrée sur la base du volontariat, normalement dans un lycée par département, mais la ministre a reconnu que « moins de mille » élèves étaient inscrits.
Concernant l’obligation du brevet pour passer en seconde, point le plus controversé de la réforme, le décret est « suspendu pour le moment », a-t-elle déclaré. « Le futur gouvernement décidera de l’avenir de ce point ».
Les syndicats sont-ils rassurés ?
Des déclarations qui ont pour effet de rassurer partiellement les syndicats, majoritairement opposés à cette mesure, tout en laissant une certaine incertitude.
« Nous ne souhaitons vraiment pas que le DNB (Diplôme national du brevet) devienne un examen de passage », souligne Gwenaël Le Paih, secrétaire général adjoint du Snes-FSU, principal syndicat des collèges et lycées.
« Si cela devait rester ainsi, cela nous conviendrait parfaitement, car depuis le début, nous disons que le DNB obligatoire, c’est vraiment une erreur », renchérit Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-Unsa, principal syndicat des chefs d’établissement.
Selon lui, la rentrée sera « un petit jeu d’équilibre » dans le discours aux familles.
Moins de contrôle continu ?
Sur l’autre aspect de la réforme, concernant les modalités d’évaluation du brevet, les textes « ont dû être reportés » en raison du contexte politique, a expliqué Nicole Belloubet.
Mais elle a assuré qu’à la fin des « affaires courantes », « nous devrions pouvoir publier ces textes pour qu’ils entrent en vigueur pour le brevet 2025 ».
La part des épreuves de fin d’année dans la note finale passerait de 50 à 60% et toutes les matières de troisième seraient prises en compte pour les 40% de contrôle continu, sous forme d’une « moyenne des moyennes ».
Un système légèrement différent du dispositif actuel où, en plus des épreuves, l’obtention du brevet est liée à la maîtrise d’un « socle commun » de connaissances et compétences, acquises tout au long du cycle 4 (5e, 4e, 3e).
« Trop tard » ?
Pour la CFDT Education, il est « déjà trop tard » pour mettre en place cette réforme pour le brevet 2025, assure sa secrétaire générale Catherine Nave-Bekhti. Pour le SE-Unsa aussi, « il serait totalement inacceptable que les règles changent en cours d’année ».
Mais pour Bruno Bobkiewicz, du côté des chefs d’établissement, il serait temps d’adopter ce changement « dès le début septembre ».
Ensuite, il y a le fond, et on peut regretter l’abandon du socle au profit du contrôle continu [car] on va se retrouver de nouveau, comme on l’a vécu avec la réforme du bac, avec des disparités de notation d’un professeur à l’autre.
Les enseignants et les chefs d’établissement craignent également les effets de ces nouvelles règles sur les résultats au brevet, qui ont déjà diminué en 2024 après la fin des correctifs académiques, décidée par Gabriel Attal, qui permettait d’intervenir sur les résultats d’une académie.
Le taux de réussite s’est élevé cette année à 85,6%, soit une baisse de 3,5 points par rapport à l’année précédente.
« Les élèves obtiennent le brevet principalement grâce aux notes de l’année en tronc commun », souligne la principale d’un collège du Var. « Je suis un peu inquiète ».
« Cela nous désavantagerait », craint également le principal d’un collège en éducation prioritaire dans le Val-de-Marne, qui a déjà connu une chute de près de 20 points de ses résultats cette année et craint de voir de nombreux élèves empêchés d’aller au lycée.
Avec AFP.
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