La peur de tomber malade et de ne pas avoir de soins médicaux à disposition est une réalité pour beaucoup. Cette situation est particulièrement frappante dans de nombreux territoires où l’accès aux soins est limité.
Les médecins généralistes ne sont pas éternels et sont également sujets au vieillissement. Inévitablement, ils prennent leur retraite. Le problème est que beaucoup d’entre eux ne trouvent pas de remplaçant, en particulier dans les zones rurales, contribuant ainsi à la création de déserts médicaux.
Difficulté à attirer des généralistes
C’est un euphémisme de dire que certaines municipalités, touchées par ce phénomène de désertification médicale, peinent à garantir l’accès aux soins pour leurs résidents.
Pour tenter de résoudre ce problème, pris au sérieux par les autorités locales et nationales, certaines municipalités font tout pour attirer des professionnels de la santé. C’est le cas de Grandcamp-Maisy, dans le Calvados. Cette commune normande n’aura plus aucun médecin sur son territoire à la fin de l’année, lorsque le médecin généraliste prendra sa retraite.
Le maire de la ville a donc sollicité l’intercommunalité pour trouver des solutions, comme le rapporte notre rédaction La Renaissance. Très préoccupé, l’élu est déterminé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour attirer des médecins dans sa commune.
Regroupements de médecins
Cela ne se produira pas à Montoire-sur-le-Loir (Loir-et-Cher). Ce petit village d’environ 4 000 habitants a misé sur un Païs (Plateforme alternative d’innovation en santé) pour lutter contre ce fléau qui touche près de huit millions de Français.
Initié en 2008 dans le Loir-et-Cher, le Païs est un regroupement de médecins généralistes permettant d’assurer la continuité des soins en proximité. L’objectif est de désengorger les urgences en proposant des consultations quotidiennes en ville, comme l’écrit Le Courrier – L’Echo.
Ainsi, à Montoire-sur-le-Loir, six médecins participent à ce dispositif. Les patients, malades et ne pouvant pas consulter leur médecin habituel, appellent d’abord le secrétariat de leur médecin ou le 15. Ils sont ensuite redirigés vers le secrétariat du Païs qui leur trouve un créneau pour une consultation.
De cette façon, si un médecin décide d’arrêter ou de partir du jour au lendemain, comme ce fut le cas pour cette docteure de Froidfond (Vendée) qui a laissé 1 750 patients sans médecin, selon le Courrier Vendéen, il n’y aura pas de pénurie.
Mission de cabinets de recrutement
À Froidfond, précisément, le maire s’emploie à remplacer sa doctoresse qui est partie en juin 2023. Il a mandaté pas moins de quatre cabinets de recrutement pour tenter de trouver un médecin.
En mai dernier, notre médecin est parti sans prévenir. Je l’avais pourtant rencontrée en 2023, elle m’avait dit qu’elle resterait encore deux ans. Trois semaines plus tard, elle m’a annoncé son départ. Elle était là depuis 14 ans. J’ai appris plus tard qu’elle s’était installée près du Mans.
Le maire, qui s’était « occupé de son intégration », a eu du mal à accepter la nouvelle.
Vincent, dans la soixantaine, victime d’un accident du travail, ne peut plus exercer son métier de chauffeur routier. Sa femme et son fils étaient suivis par ce médecin.
« J’avais été prévenue par la médecin, qui nous a rendu nos dossiers, à moi, ma femme et notre fils en mars de l’année dernière. Mais depuis, ma femme, qui a une maladie de longue durée, n’a pas trouvé de médecin traitant. Elle peut remplir un document qu’elle remet à l’hôpital de Challans pour être prise en charge », explique notre rédaction locale.
De nombreux avantages offerts par certaines mairies pour attirer des médecins
Et face aux difficultés de recrutement, certaines communes n’hésitent pas à sortir le grand jeu.
Nous avons construit un appartement avec deux chambres pour les médecins remplaçants au-dessus de la maison de santé. Avant de s’installer chez lui, le médecin pourra s’y installer à nos frais. Nous pourrons également lui prêter une voiture.
Oui, vous avez bien lu, un appartement gratuit et une voiture de fonction pour s’installer sur l’Île-aux-Moines, dans le Morbihan ! Car la généraliste en place a quitté l’île le 1ᵉʳ janvier 2024, laissant ce havre de paix sans médecin. Le maire a donc décidé de tout faire pour attirer son futur docteur, d’autant plus que les habitants de l’île ont déjà vécu une telle situation.
Ils avaient été privés de médecin pendant la crise sanitaire. Refusant de se faire vacciner contre le Covid-19, le Dr Hochard, seule médecin de l’île, avait dû fermer ses portes le 15 septembre 2021, comme le rapporte actu Morbihan.
Selon les dernières nouvelles, le maire était optimiste : « Deux généralistes envisagent de s’installer à l’Île-aux-Moines. J’ai pu les rencontrer », confiait Philippe Le Bérigot à nos journalistes le 9 janvier dernier.
Des initiatives plutôt insolites pour attirer des médecins
Ailleurs, la commune de Passais-Villages, dans l’Orne, couverte par le Publicateur Libre, tente désespérément d’attirer un professionnel de santé. Le 30 janvier dernier, le maire s’est réuni avec plusieurs acteurs locaux pour trouver une solution.
De nombreuses actions ont déjà été menées par l’équipe municipale : cabinets de recrutement, banderoles, publicité dans les journaux… Mais jusqu’à présent, sans succès.
Passais-Villages a donc décidé de recourir à des moyens plus grands et a entrepris la réalisation d’un film pour convaincre des professionnels de santé de s’y installer.
Investissement dans la téléconsultation par certaines communes
Pour pallier le manque de médecins, la seule solution est parfois l’investissement. Non pas en ressources humaines, mais en matériel. Nous nous dirigeons vers le Val-d’Oise, plus précisément Fontenay-en-Parisis.
La commune, qui n’a plus de médecin depuis trois ans, s’est équipée d’une cabine de téléconsultation pour essayer de faciliter l’accès aux soins pour tous. Selon nos confrères de la Gazette du Val-d’Oise, 20 % de la population de cette commune « n’a pas de médecin traitant ».
Cette solution se répand dans les zones qui manquent de médecins. C’est le cas à Saâcy-sur-Marne (Seine-et-Marne), comme le rapporte le Pays Briard. Ou encore à Grisy-Suisnes, comme l’explique la République de Seine-et-Marne.
Les grandes villes sont également touchées
Il est important de noter que ce fléau ne touche pas uniquement les petites communes. C’est le cas de Toulouse, où un désert médical se forme en plein cœur de la ville. Dès 2017, l’ordre des médecins avait mis en évidence le problème : « Deux tiers des médecins ont plus de 55 ans et dans les dix ans, soit d’ici à 2027, ce sont 300 médecins qui vont arrêter leur activité à Toulouse… », expliquait actu Toulouse en janvier dernier.
Notre rédaction de Toulouse constate que les dix années sont en train de s’écouler et que la prévision de 2017 se réalise. Chaque année, des plaques de médecins généralistes sont retirées, laissant des quartiers entiers, soit des milliers de patients, sans médecin traitant. Toulouse est en train de devenir un désert médical.
La situation est également grave dans la proche banlieue toulousaine, à Colomiers (près de 40 000 habitants).
Le salariat est-il une solution durable ?
La possibilité de salarier les médecins est une piste qui est de plus en plus envisagée. Le Pontivy Journal rapporte que la municipalité de Morbihan envisage de salarier ses médecins pour les inciter à rester.
Près d’Aurillac, dans le Cantal, la maison de santé du Rouget-Pers a accueilli à l’été 2023 deux médecins généralistes salariés de la région Auvergne-Rhône-Alpes et du département du Cantal.
La commune du Rouget-Pers cherchait depuis deux ans une solution pour installer des médecins et ainsi rouvrir sa maison de santé, comme le rapporte actu Cantal. Grâce au salariat, deux médecins ont pu s’installer.
L’avantage, c’est de pouvoir travailler à plusieurs et surtout de ne plus avoir à gérer les charges administratives. Cela permet de se concentrer sur l’essentiel de notre métier : soigner les gens.
Quoi qu’il en soit, de nombreuses initiatives sont mises en œuvre, certaines avec succès, mais cela ne suffit pas à résoudre le problème de fond, qui est bien plus complexe. Attirer un médecin dans une commune rurale ou dans certains quartiers des villes est devenu un véritable défi… au grand détriment des patients.
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