La SNCF confrontée à « un véritable défi technique » : pourquoi est-il si compliqué de capter Internet dans un TGV ?

Par : Jean-Christophe Grangé

Disposer d’internet en 2024 est un jeu d’enfant. Cependant, avoir accès à Internet dans un TGV roulant à plus de 300 km/h est un véritable défi industriel, selon la SNCF.

Les opérateurs de télécommunications et la SNCF font face à un enjeu : fournir une connexion Internet stable aux passagers des trains. Bien que cela soit souvent le cas dans le réseau TGV, cette connexion peut parfois être instable.

Voici un exemple : « Seulement dans 70% des cas en moyenne dans les TGV, une page web se charge en moins de 10 secondes », selon l’enquête annuelle de l’Arcep sur la qualité de service des opérateurs mobiles.

Et si votre connexion est lente, ce n’est pas à cause d’un seul problème, mais de plusieurs.

Une nouvelle antenne toutes les 30 secondes

Maintenir une connexion continue dans un TGV à pleine vitesse est un véritable défi. Votre téléphone doit « basculer sur une nouvelle antenne 4G toutes les 30 secondes », selon l’Arcep, qui a été sollicitée par Hyperlocalnews.fr.

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Il est donc nécessaire d’avoir des antennes à intervalles réguliers pour permettre cette transition. La SNCF en prévoit tous les 3 km environ sur les lignes TGV, mais une seule antenne défectueuse peut interrompre la connexion jusqu’à la prochaine antenne.

Arcep

Cela signifie que vous pouvez être régulièrement déconnecté en cas de problème avec l’une des antennes.

La vitesse du train induit une autre complexité, un effet physique qui fait que « l’antenne s’approche puis s’éloigne de votre téléphone » et « modifie la perception de la fréquence ». Cela ne « facilite pas le maintien d’une connexion continue et de qualité », explique l’autorité.

Obstacles et zones non habitées

La vitesse et les antennes ne sont pas les seuls obstacles à une bonne connexion Internet. Les obstacles rencontrés sur les voies, comme les tunnels non couverts, peuvent également rendre difficile l’accès à Internet.

Les TGV traversent souvent des zones non habitées, ce qui nécessite de déployer des antennes spécifiquement pour les voyageurs.

Arcep

La SNCF, contactée par Hyperlocalnews.fr, confirme : « Les principales difficultés de connexion et de déconnexions intempestives sont souvent associées à la congestion de certaines antennes le long des voies TGV, ou à une zone blanche ou mal desservie. »

Disparités entre les opérateurs

L’Arcep souligne un fait : « il existe de grandes disparités entre les opérateurs. »
Dans son enquête annuelle, on apprend « qu’Orange offre la meilleure performance sur les axes ferrés de longue distance, avec, dans les TGV, 79% de pages web affichées en moins de 10 secondes, devançant Free Mobile (73%), SFR (65%) et Bouygues Telecom (64%). »

Qu’en est-il du wifi des trains ?

Ceux qui pensent que le wifi dans les TGV assure une connexion continue se trompent. Car le wifi du train dépend également du réseau 4G. Il rencontrera donc les mêmes difficultés que si vous choisissez de vous connecter à Internet avec les données cellulaires.

Le service Internet à bord des TGV consiste à relayer les signaux des opérateurs à l’intérieur d’un train en mouvement grâce à des antennes extérieures sur le toit.

SNCF

Et la SNCF nous assure que c’est un véritable défi technique à plus de 300 km/h.

Une carte détaillée et des objectifs

Si vous voulez connaître la situation précise de chaque ligne TGV en France et sa couverture réseau, l’Arcep effectue des tests sur tous les axes TGV, toutes les lignes intercités, RER, Transiliens, métros et sur 60 lignes TER.

L’autorité cartographie ensuite ses résultats, ligne par ligne, pour savoir où la connexion est satisfaisante ou non.

L’unité utilisée est le temps de chargement d’une page web et si elle peut s’afficher en moins de dix secondes. C’est aussi ce temps qui est utilisé pour fixer des objectifs chiffrés aux opérateurs.

Et oui, la situation devrait s’améliorer. Les opérateurs avaient pour objectif d’atteindre un taux de couverture de 60% à l’intérieur des trains au niveau national en 2022. Cet objectif est atteint.

Une future échéance est prévue en janvier 2027 avec une couverture de 80%, puis 90% au niveau national en 2030 (et 80% minimum dans chaque région). Dans les wagons, il devrait bientôt être plus facile de se connecter. En théorie.

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