Rentrée 2024 : y aura-t-il vraiment un enseignant devant chaque classe cette année?

Par : Jean-Christophe Grangé

« La rentrée est prête. » Voilà ce que Nicole Belloubet, la ministre de l’Éducation nationale démissionnaire, a déclaré ce mardi 27 août 2024, lors d’une conférence de presse.

De toute façon, nous n’avons pas vraiment le choix : 12 millions d’élèves du primaire au secondaire doivent reprendre le chemin de l’école à partir du 2 septembre 2024. Et la cloche de la récréation n’attendra pas que les cloches sonnent à l’Assemblée nationale.

Alors que la situation politique crée une instabilité en France, des annonces pour la rentrée 2024-2025 ont été faites. Un souci a été levé par la ministre : un enseignant devrait être présent devant chaque classe à la rentrée. Approximativement.

Un « très grand nombre de postes » pourvu

« Les concours ont permis de pourvoir la très grande majorité des postes nécessaires pour la rentrée », rassure Nicole Belloubet ce mardi 27 août 2024. Une nouvelle encourageante dont il ne faut pas se réjouir trop vite.

À la veille de la réouverture des académies, nous étions très proches de l’atteinte de nos objectifs de 100% de couverture du besoin en enseignants.

Nicole Belloubet
Ministre de l’Éducation nationale démissionnaire
Vidéos : en ce moment sur Hyperlocalnews

Dans le primaire, toutes les académies ont pourvu l’ensemble des postes offerts, a déclaré Nicole Belloubet lors de la conférence de presse. À l’exception de Créteil, Versailles, Mayotte et la Guyane.

Dans le secondaire, le taux de remplissage des concours s’est amélioré. « Les postes non pourvus réduisent de 15% », a précisé la ministre. 88,3% du personnel a été recruté. 11,7% d’enseignants sont donc toujours attendus à l’heure actuelle.

Des milliers de postes non pourvus

Du côté des principaux concernés, les enseignants, le discours est moins rassurant. « La réalité, c’est qu’il manque autant de personnels, voire plus, que les années précédentes« , s’inquiète Élisabeth Allain-Moreno, secrétaire générale du SE-Unsa, le syndicat des enseignants du primaire et du secondaire, pour Hyperlocalnews.fr.

En effet, il ne faut pas fermer trop vite le chapitre de la pénurie d’enseignants : rappelons que 3 000 postes aux concours enseignants du public et du privé n’ont pas été pourvus en 2024 sur les 27 000 postes ouverts (premier et second degré confondus).

Et cela, sans compter qu’il y a autant de « collègues qui quittent le système », rappelle Elisabeth Allain-Moreno.

On est plutôt sur 6000 ou 7000 postes vacants. Ce n’est pas quelques centaines d’enseignants qui manquent, c’est plutôt des milliers.

Élisabeth Allain-Moreno
secrétaire générale du SE-Unsa

Les raisons de la pénurie

Pour Elisabeth Allain-Moreno, les chiffres avancés par la ministre avant la rentrée ne prennent pas en compte un phénomène important : les démissions pendant l’été. Selon la secrétaire générale, « plusieurs centaines » de titulaires du concours décideraient finalement de ne pas se présenter devant leur classe à la rentrée durant l’été.

Deuxième explication possible : le jeu de l’affectation nationale. Dans le secondaire, obtenir le concours peut nous amener dans n’importe quelle école en France. « Certaines personnes ne peuvent pas se permettre d’être affectées aussi loin de chez eux. »

Dans le primaire, on candidate dans une Académie (Rennes, Bordeaux ou Versailles par exemple). L’avantage : il y a des chances d’être envoyé dans une école pas trop loin de chez soi.

L’appel inévitable aux contractuels

Pour savoir à quel point la pénurie d’enseignants se fera ressentir à la rentrée, il faut attendre que celle-ci passe. Afin que des chiffres soient divulgués. Mais, que ce soit du côté des syndicats ou du côté du ministère, il n’y a pas de mystère : il faudra faire appel à des contractuels (qui peuvent enseigner sans avoir le concours).

Lors de sa conférence de presse, Nicole Belloubet envisageait déjà de recourir à nouveau à eux avec une « formation adéquate ».

Elisabeth Allain-Moreno, elle, craint que certains répondent aux offres d’emploi… pour finalement ne pas se présenter le 2 septembre. « Il peut s’en passer des choses pendant l’été », ironise-t-elle.

Comme les années précédentes, le défi sera d’assurer la présence d’un enseignant devant chaque classe, à la rentrée… mais aussi tout le reste de l’année scolaire. Et ça, ce n’est pas gagné.

Suivez toute l’actualité de vos villes et médias préférés en vous inscrivant à Mon Hyperlocalnews.

Laisser un commentaire