Qu’est-ce que l’American Bully XL, ce chien responsable d’une nouvelle attaque mortelle en Angleterre?

Par : Jean-Christophe Grangé

« Il a perdu la vie dans sa propre demeure, attaqué par son chien » annonce la BBC ce mercredi 21 août 2024. Ce mardi soir, David Daintree, 53 ans, a trouvé la mort à Accrington, une commune du nord de l’Angleterre, dans le Lancashire, mordu par son American Bully de catégorie XL. L’animal a été abattu par les forces de l’ordre. Depuis des mois, ce dernier est au cœur d’une polémique.

Des règlementations strictes sont pourtant en place en Angleterre et au Pays de Galles, et vont également être appliquées en Écosse et en Irlande du Nord. Malgré ces mesures, les attaques continuent.

Les propriétaires sont contraints d’euthanasier leur animal

Depuis le 1er février 2024, sauf exemption, il est interdit de posséder un American Bully XL au Royaume-Uni. Les propriétaires qui n’ont pas obtenu de dérogation doivent euthanasier leur chien. Les autres doivent stériliser l’animal et le maintenir en laisse et muselé en public.

Le gouvernement britannique avait promis d’intervenir, notamment après la diffusion d’images choquantes de l’attaque d’Ana Paun, une jeune fille de 11 ans, blessée au bras et à l’épaule à Birmingham, dans le centre de l’Angleterre.

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Un mélange de plusieurs races de molosses

Ces chiens à mâchoires puissantes, qui peuvent peser plus de 60 kilos et sont issus d’un croisement entre plusieurs races de molosses, ont gagné en popularité pendant la pandémie de Covid-19, ce qui a fait augmenter le nombre d’adoptions parmi les Britanniques. Et les attaques causées par ces animaux se sont multipliées ces derniers mois.

L’American Bully a été « conçu » au milieu des années 1990 aux États-Unis après plusieurs années de sélection combinant l’American Pitbull Terrier – dont il descend initialement – et l’American Staffordshire Terrier.

L’académie vétérinaire de France

Créée dans les années 1990, la race American Bully est issue du croisement entre l’American Staffordshire Terrier et l’American Pitbull Terrier. « L’objectif recherché était de créer une race nettement moins vive que l’American Pitbull Terrier et plus massive », précise l’académie vétérinaire de France.

Elle est reconnue par plusieurs associations canines, mais pas par la fédération cynologique internationale dont l’objectif est de promouvoir et de protéger les chiens de race pure.

« Il n’y a pas de « bonnes » ou « mauvaises » races »

Au sein de la race American Bully, plusieurs catégories existent, indique l’académie vétérinaire : pocket, standard, classic, extrême et XL. C’est cette dernière qui est visée. Le gouvernement britannique a même publié un « mode d’emploi » pour aider à identifier ces XL.

Richard Baker, consultant du NHS (National health service), le système de santé publique du Royaume-Uni, expliquait en juillet à la BBC que les mâchoires puissantes de ces chiens peuvent causer des blessures « plus graves que celles des autres races, entraînant des fractures ».

Cependant, de nombreuses voix s’élèvent contre ces interdictions en expliquant – avec le soutien de pétitions – qu’il n’y a pas de « bonnes » ou « mauvaises » races et que toutes les races de chiens peuvent mordre, chaque chien étant un individu ayant une personnalité et un tempérament propres, « résultant de son éducation, de son environnement, et de ses expériences ».

Qu’en est-il de la législation en France ?

En France, l’American Bully n’est pas explicitement classé dans les catégories de chiens de garde ou de défense (catégorie 2) ou d’attaque (catégorie 1), mais les chiens issus de croisement de divers molosses sont de facto considérés comme chien de catégorie 1. Et depuis le 6 janvier 1999, il n’est plus possible en France d’acheter, de vendre ou de donner un chien de cette première catégorie.

Le ministère de l’intérieur, dans une réponse à une question posée par un sénateur, a expliqué, en mars 2023, qu’il ne pouvait y avoir « d’attitude générale » sur les American Bully, « mais des appréciations au cas par cas, selon les caractéristiques morphologiques de l’animal et donc un classement, au cas par cas, en première ou deuxième catégorie ».

La loi française – et cet arrêté – prévoit « que relèvent de ces catégories, les chiens de type molossoïde de type dogue dont les caractéristiques morphologiques les rendent assimilables à une race de chien de première catégorie (staffordshire terrier, american staffordshire terrier, mastiff ou tosa) ou de deuxième catégorie (rottweiler) ».

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